LES DEBUTS DE LA RESISTANCE DANS L'ORNE

Inaugurée le 24 septembre 1978, la stèle en l'honneur de Michel COUPRY témoigne du refus de résignation des plus jeunes.

 

 

"Ici a été fusillé

par les Allemands

le 23 septembre 1940

à l'âge de 19 ans

MICHEL COUPRY

1ère victime dans l'Orne

de l'occupation nazie

Mort pour la FRANCE"

 

Dans la nuit du 12 au 13 août 1940, Michel COUPRY (19 ans) et Roger COUPE (16 ans) établissent plusieurs barrages réalisés avec des poteaux télégraphiques, des bidons d'essences et des panneaux de signalisations. Ceux-ci sont découverts par les Allemands qui prennent 11 otages pour les contraindre à se dénoncer. Le 17 août, les gendarmes arrêtent les deux garçons. Lors d'un premier jugement à L'Aigle, Michel COUPRY est condamné à 7 ans de travaux forcés et son camarade à 5 ans, peine déjà excessive. Peu de temps après, l'affaire est rejugée à Alençon par le Conseil de guerre allemand et les deux accusés sont alors condamnés le premier à la peine de mort, le second à 8 ans de travaux forcés.

A l'inauguration de la stèle, le Colonel Mazeline dit : "...Il n'y a pas en effet de commune mesure entre les faits dont il est accusé et la peine qui lui fut infligée." , et considéra le jugement comme "une parodie de justice que rien ne pouvait valablement justifier ." Rappelant que les mouvements de la Résistance n'étaient pas encore nés, il précisa : "Cependant l'esprit de la Résistance était en lui.[...]Ils ont voulu, en agissant de la sorte que l'ennemi sache qu'il existait des Français qui n'acceptait pas le joug de sa présence. "

 

 

 Le 22 septembre 1940, deux envoyés de la Kommandantur se rendaient au domicile de l'abbé Fulgence afin de demander un prêtre pour assister Michel Coupry. Il raconte ses derniers moments:

J'ai trouvé Michel Coupry à la caserne Bonet où on l'avait amené de la prison sans rien lui dire. Il a vite compris, me faisant simplement remarquer : "Mais j'avais signé un recours en grâce, je n'en ai jamais entendu parlé" . L'abbé sut plus tard que l'officier qui avait servi d'avocat à Michel Coupry avait reçu l'assurance d'une grâce par la Cour Martiale et qu'il était parti en permission. Très calme, il a écrit longuement deux lettres pendant lesquelles j'ai observé qu'il s'essuyait quelquefois les yeux. Après s'être confessé et avoir communié, il m'a demandé : "Vous resterez avec moi ? "-"Ils m'ont demandé de t'accompagner jusqu'au bout. "-"Ce n'est pas ici ? "-"Je ne crois pas, ils m'ont parlé d'aller avec toi en voiture. "[...] On l'a conduit à une petite voiture où je suis monté près de lui.[...]

Arrivant au champ de tir, nous avons croisé une section qui s'en allait. La voiture s'est arrêtée à la hauteur des cibles, et on l'a conduit au poteau devant lequel le peloton attendait. Comme un soldat s'approchait avec une ficelle pour lui lier les mains, j'ai cru comprendre à son regard ce qu'il désirait, ce qui m'a fait écarter l'homme qui n'a pas insisté. Un autre suivait avec une grosse corde qu'il lui a passé sous les bras, la croisant derrière le poteau, et l'attachant devant ses jambes. Je ne sais pourquoi, cette fois je lui ai dit : "Laisse faire, il vaut mieux, tu ne tomberas pas..." .Un troisième avançait, portant un bandeau ; cette fois, Michel m'a demandé : "Est-ce qu'il n'y a pas moyen que je voie ? " . J 'ai repoussé l'homme, qui l'a laissé tranquille.[...] Ensuite, aucun commandement à haute voix, rien que des gestes, et la salve. Il est resté debout, ayant à peine tressailli ; toujours droit, le corps seulement un peu penché sur le côté, retenu par la corde. Le médecin est allé prendre le pouls, suivi d'un gradé revolver au poing ; [...] il n'y eut pas de coup de grâce mais une seconde salve.

L'officier à qui j'avais eu affaire depuis la veille est venu vers moi. "Monsieur le Juge me prie de vous dire que la mort du jeune homme a été très digne" . [...] Cet immédiat et premier hommage à la "mort très digne" de ce garçon de 19 ans que l'armée allemande avait considéré comme un ennemi revint souvent à l'esprit de l'abbé.

 

C'est ainsi que dans l'Orne débuta la résistance dont l'esprit ne devait jamais faiblir.

 

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